Editorial

Un grand scientifique
de Saint-Zacharie :
Gaston de Saporta

De la fontaine à la table

Mazaugues, de l'eau
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Les fours à chaux de la Sainte-Baume

un ancien four à cade
mis au jour à Siou-Blanc


Le Plan d'Aups,
cité minière

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Une vue du "chemin de fer" dans sa partie la moins connue, celle qui rejoint le Col des Marseillais à l'ancien chemin de la glacière, au-dessus du vallon de Saint-Pons.
Au siècle dernier
Le Plan d'Aups,
cité minière
Ceux qui fréquentent le massif de la Sainte-Baume connaissent déjà l'industrie de la glace naturelle dont Victor Moussion et Charles Casais ont étudié la technique et le commerce. Mais le rappel d'une activité minière importante au siècle dernier est une surprise pour beaucoup.
Après plusieurs années de recherches en archives, Victor Moussion vient d'écrire VHistoire de la mine de lignite du Plan d'Aups-Sainte-Baume" (édité par "Découverte Sainte-Baume") qui a fait resurgir une activité qui a bouleversé un temps le paysage de cette partie du massif.
Le terme de charbon est bien vague. Il s'agit en fait de lignite, combustible fossile à forte teneur en soufre. Ce lignite est celui du bassin minier, dit des Bouches-du-Rhô-ne, centré sur la petite ville de Gardanne. La chaîne de la Sainte-Baume constitue l'extrême limite sud-est de ce gisement, mais le soulèvement important survenu au cours des temps géologiques a rompu les couches de combustibles qui ne sont plus en continuité avec celles de l'ensemble du bassin.
Dès la fin du XVIIIème siècle, ce charbon a été exploité, en particulier par le marquis d'Albertas, seigneur de Gémenos. Sous son impulsion et pour son bénéfice, des travaux importants ont été entrepris au vallon de la Brasque par des mineurs allemands, les spécialistes de l'époque. Une galerie a été également ouverte sur les pentes qui descendent du Pic de Bertagne vers la vallée de Saint-Pons.
C'est surtout au cours du XIXème siècle, après la création de la concession, dite du Plan d'Aups, en 1829 par Charles X, que les entreprises vont se succéder. Les difficultés propres à la structure discontinue du gisement et les problèmes de transport feront que les exploitants ne seront jamais récompensés de leurs efforts : certains seront acculés à la faillite, d'autres, plus prudents, cesseront leur activité avant la ruine complète. Et cela malgré les espoirs sans cesse

renouvelés de la petite communauté du village du Plan d'Aups souhaitant et espérant, tout au long du siècle, la réussite d'une industrie qui lui aurait apporté une modeste aisance et la possibilité de réaliser enfin des travaux indispensables mais toujours repoussés : routes, école, cimetière...
Parmi ces exploitants, le plus important a été sans conteste Henry Chauwin. La longue durée de son exploitation - de 1854 à 1867 - sa ténacité et la compétence de ceux qui le secondaient l'ont amené bien près de la réussite.
C'est d'abord dans le vallon de la Brasque que Chauwin a dirigé ses travaux, réalisant le fameux chemin de fer, bien connu des randonneurs, qui devait résoudre le difficile et coûteux problème du transport du charbon.
L'échec de cette solution ainsi que des problèmes juridiques l'obligèrent rapidement à abandonner le site de la Brasque et à orienter son activité vers le plateau lui-même où les couches de charbon sont les plus régulières et les plus puissantes. En
quelques années de nombreux puits et galeries furent creusées entre la ferme de Giniez et le village. Mais l'essentiel de l'exploitation fut réalisé le long d'une route qui existe encore de nos jours: c'est le Chemin de la Mine qui traverse le lotissement actuel du Plan d'Aups. Tout le long de cette voie, sur laquelle un chemin de fer à voie étroite amenait le lignite vers le débouché de la route de Saint-Zacharie, près de 150 ouvriers et mineurs s'affairaient autour des points d'extractions desservis par plusieurs machines à vapeur, grande innovation de l'époque. Les bâtiments annexes étaient nombreux: forges, ateliers de charpente, hangars pour le matériel et les animaux,

fours à briques, poudrerie et aussi habitations pour les mineurs et leurs familles.
Cet énorme travail ne servit à rien : en raison du coût du transport, le prix de revient du lignite s'avéra trop élevé pour être compétitif, rendu à Marseille où se trouvait le plus gros marché. En 1867, Chauwin dut se résigner au dépôt de bilan.
Malgré des projets souvent grandioses, les successeurs de Chauwin connurent les mêmes revers. Cependant, on relève plusieurs périodes d'exploitation du gisement jusqu'au début du XXème siècle, et ce n'est qu'en 1922 que l'exploitation a été définitivement suspendue.
Depuis cette date, des études successives, dont la dernière date de 1981, ont toutes abouti aux mêmes conclusions, négatives, quant à la possibilité de reprendre l'extraction.
Et c'est heureux ! Car si, au XIXème siècle ont pouvait souhaiter l'essor de cette industrie, il est certain que, en cette fin du XXème siècle, habitants du Plan d'Aups et touristes venant du monde entier ne regrettent pas l'absence de ce type d'industrie sur ce site prestigieux.
?
La concession du Plan d'Aups a été annulée par décret ministériel du 14 octobre 1982. Désormais le lignite peut reposer en paix...
Victor Moussion