Editorial

Un grand scientifique
de Saint-Zacharie :
Gaston de Saporta

De la fontaine à la table

Mazaugues, de l'eau
et des hommes


un hold-up à Pont-de-Joux


Les fours à chaux de la Sainte-Baume

un ancien four à cade
mis au jour à Siou-Blanc


Le Plan d'Aups,
cité minière

Internet

Nouvelles brèves
du Pays Sainte-Baume

L'amo de la terro

L'Estello de Vède


Anecdotes du Pays
Sainte-Baume

Question de définition

Un stage chez les Amis
de la Cuisine Provencale

L'Ecomusée
du Pays Sainte-Baume :
un outil pédagogique régional
 
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l'actuel quartier Saint-Victor. Ce domaine possède de nombreux avantages : une très bonne exposition au soleil, une voie de passage à proximité (route de La Ciotat) et surtout sept sources dont certaines à grand débit.
La chute de l'empire romain provoque la disparition des villae entraînant le retour des habitants à une vie plus élémentaire.
A partir du Xème siècle, en Provence, le morcellement du pouvoir royal conduit à un nouveau paysage de la géographie humaine : c'est la naissance des villages perchés. La fondation de Mazaugues en tant que village remonterait au début de cette période. La vie communautaire dans le castrum ne devait pas être d'un grand confort vue l'étroitesse des lieux mais elle offrait la sécurité à une époque où elle manquait ailleurs.
Dès que les temps redeviennent plus sûrs, vers le milieu du Moyen-Age, la population ne tarde pas à émi-grer vers la plaine et vers les bords du Caramy où coule l'eau abondante et pure. Le premier centre religieux chrétien se forme sur le territoire de la Villa Matalica devenue propriété des moines de Saint-Victor de Marseille.
L'eau est aussi l'instrument de la purification rituelle. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que, à l'époque chrétienne, églises et fontaines aient été construites sur des sites où les Romains et les populations païennes offraient des sacrifices aux divinités de l'eau.
Au cours des siècles, l'Eglise s'est maintes fois élevée contre le culte rendu aux eaux : les croyances populaires ont toujours conféré une valeur sacrée aux eaux mais ces rites


païens et ces superstitions menaçaient le pouvoir en place. La magie ne guet-te-t-elle pas le sacré pour le pervertir dans l'imagination des hommes ?
Pourtant, puits et sources sont autant de lieux de joie et d'émerveille-
ment où s'opèrent les rencontres essentielles. La fontaine est le coeur du village. C'est là que les femmes viennent remplir leurs cruches, échanger les nouvelles; le bétail vient s'y abreuver avant de regagner l'étable. C'est là aussi qu'après une longue et chaude journée de labeur dans les champs l'on vient se rafraîchir les mains et le visage, reprendre contact avec la vie sociale.
Vers le milieu du XVIème siècle le castrum n'est plus habité. Le village s'est formé près de la source du Caramy. Le territoire de la commune étant riche en sources, la population a pu facilement se disperser sur les terres riches, ensoleillées et hospitalières. C'est la naissance des bastides, habitats et exploitations à caractère agricole : la Bastide du Plan au bord du Petit Gaudin, Bézud avec sa source généreuse, Saint-Gall arrosé par le Caramy, etc..
A partir de la fin du XVIIème siècle, les nombreuses sources et le climat particulièrement frais de Font-frège favorisent l'implantation des glacières et donnent naissance à l'artisanat de la glace qui consiste à stocker jusqu'à l'été la glace naturelle formée l'hiver dans les bassins de gel. Les fermes de Fontfrège, de Pivaut et de l'Ombre garderont cette activité jusqu'au début de notre siècle. L'eau des sources de Mazaugues, ainsi transformée en glace, rafraichira pendant deux siècles les gens des villes.

Mais l'homme devient insatiable. Ses besoins vont croître à tel point qu'il ne peut plus se contenter de l'eau que la nature lui offre pourtant généreusement. Il la souillera au point de ne plus pouvoir la consommer. L'eau
qui arrive à notre robinet n'est plus celle qui jaillit de nos sources. Le progrès nous a apporté un petit goût de javel...
Alors, rendons hommage à cette eau, pensons à nos ancêtres qui vénéraient les forces de la nature, respectons ce que la terre nous donne. Le massif de la Sainte-Baume est notre réservoir d'eau; nos fontaines et lavoirs nous bercent encore de leurs doux chants. Sachons protéger cette eau afin que nos enfants et les générations futures puissent, comme ceux qui nous ont précédés, boire à la source l'eau de la vie.
Mon amante a les vertus de l'eau,
un sourire clair, des gestes coulants,
une voix pure qui chante goutte à goutte...
(Victor Ségalen)
Nathalie Beltrame-Roux
Bibliographie
Jean-Paul Clébert
Provence Antique (Robert Laffont)
Abbé Saglietto Histoire de Mazaugues
Jean Chevalier - Alain Gheerbrant Dictionnaire des Symboles